Anouk aimait voyager en felouque. Au fil du Nil, elle rêvassait, le regard embrumé dans ses fumées de chibouque. Elle s'enthousiasmait à l'idée d'embouquer au hasard des rives. Elles lui rappelaient d'autres étendues sur lesquelles des herbivores excitaient leur langue contre les contours laineux de la houque. Jusqu'à ce qu'elle souque les cordages, il pouvait ainsi s'écouler de longues heures, bercées par le courant calme et ample. Glissant ainsi, elle puisait régulièrement dans une touque et en extrayait quelques biscuits croquants. C'était Anouk, c'était son Nil.