C'était une ville qui se traînait
Les gens frottaient leur sandalettes contre les pavés
Le matin
Ils traînaient les pieds
Pour grimper dans les transports en commun
L'immobilité pédestre macérait durant neuf minutes
Le midi
Ils traînaient les pieds
Sous leur chaise au restaurant
En avant, en arrière, sans se toucher
La solitude des couples d'espadrilles
Le soir
Ils traînaient les pieds
D'un profond raclement hâtif
Vers des comptoirs
Où leurs pieds ne touchaient plus le sol
Et ils n'étaient pas les seuls
Tandis qu'au milieu du parc
Dans cette ville qui se traînait
Elle s'employait à le séduire
Avec la nudité silencieuse de ses pieds